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Procès de sorcellerie

Recueil de procès pour faits de sorcellerie sur la Montagne de Diesse dans un manuscrit du 17E siècle

Au 17e siècle, la chasse aux sorcières fait rage dans l'ensemble de l'Europe. Partout on accuse, on juge, on brûle. C'est une véritable épidémie. La Montagne de Diesse n'est pas épargnée.

En témoigne un manuscrit datant du 17e siècle qui rapporte 67 procès et confessions de sorciers et de sorcières condamnés entre 1611 et 1667 durant 12 périodes de jugement. Les confessions des 56 femmes et 11 hommes, transcrites dans leur forme définitive par les greffiers de justice, étaient relues à l'accusé au moment du jugement pour que celui-ci les confesse publiquement.

Le manuscrit appartenant au Synode de l'Eglise réformée jurassienne est conservé à Mémoires d'Ici. Il a été entièrement numérisé et peut être consulté sur la plateforme e-codices.

Nous avons retranscrit quelques-uns de ces procès et les présentons ci-dessous. 

 

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Elles s'appelaient Françoise Maillard et Anthoina Bageoles. Toutes deux ont habité La Neuveville. La première a rencontré Sathan alors qu'elle était obligée de vendre ses biens, la seconde en allant chercher le cheval à la nuit tombée après s'est fait menacer par son mari. Leurs crimes semblent dérisoires à nos yeux : elles sont accusées d'avoir tué des animaux, d'avoir « battu l'eau » (pour faire venir la grêle), d'avoir dansé avec leurs complices. Toutes deux ont été condamnées à être brûlées, l'une en 1616, l'autre en 1629.

 

Pierre Villier de Prêles a rencontré le diable en rentrant de Corgémont où il avait vendu ses bœufs sans pouvoir être payé en retour. Margueron Jacquet de Lignières s'est donnée à Sathan alors que son oncle Johan Berudet exigeait d'elle le paiement de cinquante écus; Bendicte Vallet de Chésard, accusée de paillardise, sur le sentier conduisant aux vignes.

De ces rencontres, tous garderont une marque, placée entre les deux épaules ou sur la jambe, et l'ordre de faire mourir gens et bêtes en les touchant avec la graisse remise par leur nouveau maître. Ils tenteront de faire tomber la grêle ou de provoquer une infestation des arbres par des chenilles. Avec leurs complices, les femmes se retrouveront de nuit pour danser.
Les actes qui ont été reprochés à ces femmes et ces hommes emprisonnés dans la forteresse de Diesse au XVIIe siècle sont exposés dans les Procès et confessions contenus dans le manuscrit appartenant au Synode de l'Eglise réformée jurassienne et conservé au Centre régional d'archives et de documentation du Jura bernois.

On a voulu effacer son nom en déchirant une page de son procès. En le lisant, on arrive cependant à comprendre d'elle que c'est une femme âgée : sous la torture, elle avoue avoir rencontré le diable il y a 48 ans déjà. Les faits qui lui sont reprochés sont les mêmes que ceux que l'on retrouve dans les autres procès : elle reçoit du pucet avec lequel elle tue gens et bêtes et danse avec ses complices. Un long épisode retient néanmoins l'attention, il décrit comment cette sage-femme, qui a exercé son métier durant quarante ans environ, avorte la fille de sa sœur, enceinte des œuvres de son oncle. Dans sa tentative de cacher le fruit de cette union incestueuse se lit une misère humaine triste et émouvante.

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