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L'incendie d'Orvin en 1801

LE 9 AOÛT 1801, ORVIN FAILLIT DISPARAÎTRE DANS UN TERRIBLE INCENDIE

En 1801, un terrible incendie détruisit presque totalement le village. Le Journal du pasteur Frêne et la correspondance des membres de la famille Morel nous plongent au coeur de l'événement. 

Le pasteur de Tavannes Théophile Rémy Frêne inscrit dans son journal : 

« Le 9 août dimanche, Madame de Mirabeau avec Madame Schaffter-Morel dîna chez nous. L'après-midi, la nouvelle se répandit d'un terrible incendie arrivé ce même jour à Orvin, commencé pendant que l'on étoit à l'église. Cet incendie, plus fatal que celui de 1754, consuma la majeure partie du village, sç[avoir] soixante et des maisons, la cure, les deux auberges. »

A Corgémont, le pasteur Charles-Ferdinand Morel est bouleversé : sa sœur et son mari le pasteur Watt d'Orvin ont perdu leurs biens dans la cure partie en fumée. Morel se rend en hâte à Orvin où il ne peut que constater le désastre. Sa fiancée Isabelle de Gélieu s'inquiète :

« Oh mon Dieu quelle nuit et quel réveil pour tous ces malheureux incendiés ! ... J'ai admiré hier votre calme, mais dites-moi comment vous vous trouvez aujourd'hui ».

Son frère François Morel et sa jeune épouse, ainsi que leur amie la fantasque Madame de Mirabeau logent à ce moment-là chez lui, à Corgémont. Ils se rendent également à Orvin. Face au spectacle de désolation, Madame de Mirabeau se lamente et s'agite en tous sens, pressée de secourir les malheureux. 

Madame de Mirabeau au pasteur Frêne, le 10 août : 

« Il n'est que trop vrai que la famille Watt est ruinée et dans la cruelle nécessité d'être à la charge des autres. Moi-même qui ai tant souffert dans ma vie, je sens toutes mes plaies se rouvrir au récit du malheur d'autrui que je ne puis soulager. Je me sens faible depuis hier au soir comme un enfant. Le ministre seul [Charles-Ferdinand Morel], cet homme vraiment sublime et si méconnu de lui-même et des autres, nous soutient tous... J'ai besoin de voir Mme Watt, son infortuné mari qu'on n'a pu encore tirer d'Orvin, et toute cette famille désolée. »

A Orvin, tandis que Charles-Ferdinand Morel organise la prise en charge des sinistrés dans les villages voisins, son frère François s'effondre dans l'herbe aux côtés de son épouse sous le coup de l'émotion... 

Madame de Mirabeau à Isabelle de Gélieu, le 10 août :

« Mme Morel [l'épouse de François] est anéantie par la commotion trop forte que lui a causé l'extrême sensibilité de son mari : votre très faible camarade, après avoir soutenu tout le monde au moment du besoin, a fini par retrouver ses propres malheurs dans ceux de la famille Watt, à sentir cruellement son impuissance pénible, sa nullité profonde pour le soulagement d'autrui... Le ministre seul est parfait pour tous : il mérite si bien de connaître le bonheur au moins en perspectives ! »

 

 Théophile Rémy Frêne, Journal de ma vie, vol. 4 p. 323

 © Mémoires d'Ici, Fonds Doyen Morel, Commune de Corgémont