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Soldat de Napoléon

Charles henry GERMIQUET : CULTIVATEUR À SORVILIER ET SOLDAT DE NAPOLÉON

J’ai trouvé beaucoup de garçons du pays. Il y a Victor Marchand de Court qui se porte bien et qui salue bien leur gens. Et deux de Moutier, trois du Cornet et un de Souboz, un de Tavannes et celui au Cordier de Tramelan, tous dans notre Compagnie

Lorsqu’il arrive à Colmar le 25 mars 1813, Charles Henry Germiquet, de Sorvillier, connaît l’ascension fulgurante de Napoléon au pouvoir, ses conquêtes impériales – et sa retraite effroyable de Russie. Il sait que sur les centaines de milliers d’hommes incorporés dans la Grande Armée en 1812 lors de la campagne de Russie, moins de 30 000 repassèrent le Niémen avec leur commandant Murat.

A Sorvillier, comme dans tous les villages de la région, alors française, le service militaire est obligatoire pour les hommes âgés entre 20 et 25 ans, par tirage au sort. Les noms des conscrits sont soigneusement inscrits sur une liste. Pour la classe de l’année 1812, ils seront 48 du « Canton de Moutier » à être admis au tirage. Charles Henry Germiquet aura le numéro 33.

Le jeune homme a tout juste 21 ans. En quittant son village, il découvre un monde nouveau. Dans l’éloignement, il tient à rassurer sa famille : Chers Père, Mère, Frères et Sœurs ! La présente est pour vous faire connaitre l’état de ma santé, laquelle est fort bonne grâce à Dieu. Mais il reste conscient de son sort possible : Nous sommes bien, nous sommes résolus dans notre malheur.
 
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© Mémoires d’Ici, Fonds Maurice Girod-Germiquet
Désormais à l’étranger, il se rapproche de ceux de son pays et en donne des nouvelles : J’ai trouvé beaucoup de garçons du pays. Il y a Victor Marchand de Court qui se porte bien et qui salue bien leur gens. Et deux de Moutier, trois du Cornet et un de Souboz, un de Tavannes et celui au Cordier de Tramelan, tous dans notre Compagnie.  Il sait sans doute qu’en nommant ses compagnons, il laisse une trace écrite d’eux et dit aux leurs qu’ils sont encore vivants : La 6ème Compagnie est presque tout de garçons du Haut-Rhin, il y a un Schaffter de la Montagne de Moutier, un Benoit de Romont qui restait à Villeret, Liengme Théodore qui vous fait bien ses compliments et à son frère, et Marchand Adam Louis de Tramelan, et Carnal de Souboz, et Marchand Victor de Court qui a aussi écrit une lettre, et beaucoup d’autres du Val Saint-Imier et du canton de Bienne.

A travers son regard, on entre dans un monde militaire qu’il découvre lui-même : Nous serons bien habillés, nous aurons schako, gilet, veste d’ordonnance, deux paires de culotes, une paire de guêtres noire, une paire de souliers, des bottes avec éperons, carabine, sabre, giberne, deux pistolets, capote grise, deux chemises. Tout de neuf et chacun 2 chevaux et un char, mais il n’y a pas encore de chevaux.

De son séjour à Colmar pour son recrutement, puis à Commercy son dépôt, il écrit quatre lettres. Pour une raison qui nous est inconnue, mais que l’on peut imaginer, un de ses contemporains a recopié soigneusement ces messages dans une petit cahier, en indiquant la date de la réception du document et celle à laquelle on lui a donné réponse. Ce document, précieux et émouvant, est conservé depuis peu à Mémoires d’Ici.

Nous en donnons la retranscription ci-dessous, dont l’orthographe originale a été conservée : 
 

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© Mémoires d’Ici, Fonds Maurice Girod-Germiquet
Charles Henry Germiquet reviendra de son engagement. Il sera régent du village, comme son père Jean-Pierre, il mourra veuf en 1869.

Avec les recherches de Jean-Luc Marchand et Bernard Romy.