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Les réfugiés de 1940

L’offensive militaire allemande contre la France débute le 10 mai 1940. En quelques semaines, la défense française est écrasée, l'armistice est signé le 22 juin 1940. Des millions de personnes fuient et forment de longues colonnes sur les routes du pays. C’est l’« exode ».

L’internement des militaires est un devoir des pays neutres en temps de guerre. En moins d’une semaine, environ 12 000 civils et 38 000 militaires pénètrent sur territoire helvétique par la vingtaine de postes de douane en Ajoie et au bord du Doubs. Ils sont ensuite acheminés à l’intérieur des terres. Une partie de ces hommes en débâcle arrivent à Tramelan. Cet épisode a contribué à forger l’idée de l’esprit d’accueil généreux de la région ; il n’est pourtant qu’une facette de l’accueil des réfugiés durant la Seconde Guerre mondiale.

Pour commémorer ces jours extraordinaires, Mémoires d’Ici rassemble en un carnet quelques-unes des images tirées de ses fonds.
 

Roland Stähli retrace ces événements dans son livre « Histoire de Tramelan », 1984, t. II, p. 418 :

Le 18 juin 1940, « le triste cortège des réfugiés venant de Goumois commença de passer à Tramelan, allant à l’intérieur du pays. La plupart de ces civils avaient dû quitter précipitamment leurs maisons et n’avaient emporté dans leur hâte que le strict minimum. Le dénuement où se trouvaient maints fugitifs faisait pitié et suscita de grands élans de générosité parmi la population », rapporta le « Progrès ». Aux civils succédèrent, le 19 juin, des soldats français et polonais dont 600 passèrent la nuit dans les écoles et les halles de gymnastique. Les jours suivants, le défilé continua et, avec de nouveaux civils de tous âges, passèrent des milliers de militaires dont des officiers qui semblaient très abattus. « Des colonnes de cavaliers, de conducteurs et d'artilleurs descendirent presque sans interruption la route avec des pièces d'artillerie de différents calibres et des caissons vides. Plus d'un soldat était exténué et dormait sur son siège, car il était de ceux qui avaient combattu pendant six jours et six nuits. »

Les troupes polonaises suscitaient la plus grande sympathie, non seulement par leur discipline et leur tenue exemplaire, mais aussi parce que chacun pensait au sort injuste et cruel qui frappait leur pays une nouvelle fois dans l'histoire. Un accident mortel de la circulation, qui se produisit à Tramelan et dont fut victime le sergent Paniak Piotr, âgé [de] 36 ans, permit à une foule considérable de faire part de ses sentiments en accompagnant au cimetière paroissial de Tramelan le cercueil du malheureux patriote polonais à qui les soldats suisses rendirent les honneurs ».

Quant aux spahis marocains, qui restaient « réservés, mais souriant, ils éveillaient la curiosité tout autant que leurs fiers petits chevaux arabes ». Plusieurs centaines de « ces guerriers africains passèrent une nuit avec leurs coursiers sur le pâturage de La Chaux », alors que des soldats français se reposèrent sous les sapins de la Malade où les habitants des quartiers voisins vinrent les ravitailler. Durant quatre jours, la générosité de la population permit de préparer et d'offrir sans arrêt, malgré le rationnement, soupe, café, thé, pain et fruits aux infortunés réfugiés civils et militaires. Cela prit même de telles proportions que les autorités durent intervenir, d'autant plus que bien des Tramelots ne cachaient pas leur aversion pour les régimes et les entreprises d’Hitler et Mussolini, sans compter que quelques jeunes Tramelotes montraient… un peu trop de sympathie pour les internés alliés. »

Carnet réalisé en 2020